Notre voix est vectrice d’émotions
En effet, la voix vient avant le langage avec les pleurs et les cris du nourrisson. Au plus près des émotions humaines, elle précède ainsi le sens. Dès la dix-huitième semaine, le fœtus est capable d’entendre. C’est essentiellement la voix de sa mère qui lui parvient par la conduction osseuse de la colonne vertébrale. Et dans les quelques heures qui suivent sa naissance, le nourrisson réagit davantage à la voix maternelle qu’à celle d’une personne étrangère. Le fœtus, puis le bébé vont donc progressivement intégrer toutes les caractéristiques de cette vois : son timbre, son intensité, son rythme, sa couleur… C’est une source fondamentale de stimulation sensorielle. L’enfant va également fixer les émotions dont cette voix est porteuse.
Témoin de nos émotions, la voix peut aussi les communiquer. Qui n’a pas éprouvé une émotion intense à l’écoute d’un air d’opéra ou d’une chanson en langue étrangère qu’on ne comprend pas, mais qui nous émeut ? « La voix humaine » de Jean Cocteau est un exemple poignant de l’émotion portée par la voix. Il laisse entendre la voix d’une femme, incarnée par Simone Signoret, qui vacille sous le chagrin alors qu’elle est au téléphone avec son amant qui vient de la quitter. Après cette performance, réalisée en une seule prise dans l’appartement parisien de l’actrice, Simone Signoret a d’ailleurs raconté combien elle eut du mal à se remettre de cette expérience, tant elle l’avait intérieurement bouleversée.
La voix s’avère très utile pour se faire une idée de la personne qui se trouve en face de nous. L’être humain n’a besoin que de 390 millisecondes de voix pour se faire une idée, et sans même s’en rendre compte. Selon une étude menée au sein de l’Université de Glasgow 1, cette analyse inconsciente semble obéir à des facteurs évolutifs que l’être humain a développés, afin de savoir immédiatement s’il peut ou non faire confiance à quelqu’un.
1 gla.ac.uk/news/archiveofnews/2017/october/headline_554215_en.html