18/09/2024

Comment fonctionnent les appareils auditifs ?

Troubles de l’audition : comment impactent-ils la vie quotidienne ?

On pourrait penser que les appareils auditifs sont des dispositifs réservés aux personnes âgées, ou encore à celles atteintes de surdité profonde… Et pourtant, un adulte sur trois de plus de 50 ans serait sujet à une baisse d’audition : cela signifie qu’une grande part de la population qui devrait être appareillée ne l’est pas !

Les troubles auditifs sont un handicap dans la vie quotidienne… Et ce dès leur apparition. Concrètement, la perte auditive a un réel impact que ce soit au niveau professionnel, personnel ou familial, et les relations peuvent se compliquer ou se distendre si elle n’est pas identifiée ou mal soignée. Ne plus pouvoir communiquer aisément, faire répéter, entraîne gêne et incompréhensions pour le sujet comme pour ses interlocuteurs… Elle finit bien souvent par s’isoler, et il est prouvé que sa santé mentale peut être impactée, surtout si elle est âgée.

Pour rester en forme dans leur corps comme dans leur tête, les personnes touchées par des troubles auditifs ont donc besoin de reprendre contact avec leur environnement sonore. Pouvoir à nouveau converser librement, mais aussi circuler, se repérer, profiter de ses loisirs… Ne sont que quelques-uns des bienfaits des aides auditives !

Voyons d’abord comment nos oreilles transmettent les ondes sonores, puis la nature des différents troubles qui peuvent les atteindre, avant d’explorer le fonctionnement des prothèses auditives.

Anatomie de l’oreille

Notre organe de l’ouïe est composé de trois parties : de l’extérieur vers l’intérieur, se trouvent l’oreille externe, moyenne et enfin interne.

Structure de l’oreille externe

L’oreille externe fonctionne comme un récepteur. Elle est composée du pavillon qui capte les sons grâce à sa forme de coquillage, et du conduit auditif externe, sorte d’entonnoir naturel tapissé d’un enduit qui le protège, le cérumen. Si celui-ci n’est pas trop encombré, les ondes circulent jusqu’à une fine membrane appelée le tympan, qui vibre lorsque celles-ci lui parviennent, à la manière de la peau d’un tambour !

Fonctionnement de l’oreille moyenne

Celles-ci passent ensuite à la cavité de l’oreille moyenne via le tympan, puis sont amplifiées par les 3 osselets situés dans l’oreille interne, le marteau, l’enclume et l’étrier. L’oreille moyenne communique avec la Trompe d’Eustache, chargée de réguler la pression de part et d’autre du tympan (c’est elle qui agit lorsque nous bâillons, montons en altitude ou plongeons en profondeur). Elle est surtout en contact avec la cochlée, prochaine escale dans le voyage du son.


Rôle de l’oreille interne dans la perception du son

Dans celle-ci se trouve la cochlée, un organe rempli de liquide et tapissé de cils très fragiles. Elle contient également le vestibule, responsable de notre équilibre. Les vibrations mécaniques du son y sont transformées en impulsions électriques qui passent au nerf auditif, puis le message sonore arrive enfin au cerveau pour y être interprété. Le trajet du son n’aura duré que quelques millisecondes !

Types de troubles auditifs

Il existe trois types de perte auditive : la surdité de transmission (oreille externe ou moyenne atteintes), surdité de perception (oreille interne et nerf auditif touchés) et enfin la surdité mixte où plusieurs parties de l’oreille sont concernées.

Surdité de transmission

On parle de surdité de transmission lorsque l’oreille externe ou moyenne est touchée, et cela peut être lié à plusieurs causes :

  • une malformation du conduit (voire son absence congénitale)
  • la présence d’un corps étranger ou d’un bouchon de cérumen dans celui-ci
  • l’accumulation de liquide derrière le tympan suite à une otite ; un traumatisme dans cette région
  • une maladie appelée otospongiose, qui touche les osselets présents dans l’oreille moyenne

Certaines de ces causes sont traitables aisément : en fonction de celles-ci, la pose d’équipements auditifs par des audioprothésistes n’est pas nécessaire. Par exemple, un bouchon ou un corps étranger peut être retiré par un professionnel (médecin généraliste, ORL…). En cas d’otite séreuse, notamment chez l’enfant, une opération bénigne consistant en l’implant d’un aérateur transtympanique lui permet de retrouver une bonne ouïe, et de se passer d’aides auditives.

En revanche, l’otospongiose est une maladie dégénérative, pour laquelle il existe peu de traitements hormis le remplacement des os abîmés par une prothèse.

Surdité neurosensorielle

On parle de surdité neurosensorielle, ou surdité de perception, lorsque l’oreille interne est touchée. La cochlée et ses cils sont détruits, par :

  • une surexposition sonore sur la durée ou un traumatisme auditif (explosion…)
  • la prise de médicaments ototoxiques, ou le contact prolongé avec des produits toxiques en milieu professionnel
  • la maladie de Ménière, qui cause également vertiges, nausées et vomissements
  • une surdité congénitale d’origine génétique
  • un barotraumatisme (accident de plongée…)
  • un neurinome de l’acoustique, tumeur bénigne apparaissant sur le nerf auditif

Ce style de surdité nécessite le port d’un appareil auditif. En cas de doutes, rendez-vous dans les centres dédiés à l’audition de votre région pour rencontrer des audioprothésistes !

Principes de fonctionnement des appareils auditifs


Le principe de fonctionnement des appareils auditifs est calqué sur celui de l’organe de l’audition humain. Un ou plusieurs microphones captent les ondes sonores, qui sont amplifiées par l’amplificateur, et transmises par un tube ultra-fin à un écouteur.

Selon le degré de surdité, le microphone peut être placé derrière le pavillon (contour d’oreilles), à l’intérieur de celui-ci ou plus loin dans le conduit (appareils intra-auriculaires). On parle dans ce cas de conduction aérienne, et l’écouteur se positionne dans le canal auditif et est protégé par un embout souple.

Le microrécepteur peut également être fixé sur la peau ou juste sous celle-ci, pour les aides auditives implantables. Le son se transmet alors par conduction osseuse à un émetteur implanté dans l’os du crâne ou sur les osselets.

Les aides auditives sont généralement équipées de nombreuses technologies intelligentes supplémentaires, pour supprimer les larsens, pour diriger le son vers l’interlocuteur, atténuer les bruits ambiants… Contenues dans une micro-puce de plus en plus petite et perfectionnée !

Captation du son

Le microphone est donc placé à l’extérieur de façon à pouvoir capter le son et le transformer en courant électrique. Les ingénieurs équipent leurs appareils de deux sortes de microphones (soit l’un, soit l’autre, soit les deux) : ceux de genre omnidirectionnel sont conçus pour capter les bruits provenant de toutes les directions (utile pour les conversations de groupe), tandis que ceux dits « unidirectionnels » ne perçoivent que les ondes sonores venant d’une direction (pour mieux se focaliser sur les paroles d’une personne).

Amplification du son

L’amplificateur est un élément central des aides auditives. Comme son nom l’indique, il amplifie les signaux électriques captés par le microphone. Aujourd’hui, avec le numérique, les audioprothésistes peuvent également effectuer un réglage de l’appareil en fonction des fréquences : en effet, les cellules cillées situées à l’intérieur de la cochlée, selon là où elles sont positionnées, ne transmettent que des fréquences graves, aiguës ou moyennes… Et on peut donc amplifier uniquement l’une de ces catégories, si cela correspond aux besoins du patient ! Cela permet d’augmenter plus ou moins l’intensité sonore, tout en conservant un son le plus naturel possible.

Transformation du son en signaux électriques

Comme nous l’avons vu, le son a été transformé en signal électrique dès sa captation (ce passage de vibrations mécaniques à impulsions électriques se fait dans l’organe auditif humain au niveau de la cochlée). Ce signal électrique, après amplification et suppression du bruit parasite, est transmis à un électro-aimant qui provoque à son tour la vibration d’un diaphragme… Les ondes sonores ainsi créées vont être restituées à la personne malentendante via des écouteurs.

Transmission des signaux au cerveau

Les appareils auditifs viennent ainsi compenser des défaillances de nos organes de l’ouïe, en émettant des sons amplifiés : le tympan immobile va se remettre à vibrer, provoquant le mouvement des cils situés dans la cochlée, et donc la transmission du signal sonore sous forme d’impulsion électrique au nerf auditif, puis au cerveau.

Composants d’un appareil auditif

Comme nous l’avons vu dans la partie précédente, les appareils auditifs se composent de 4 éléments. À l’extérieur est placé un microphone, qui capte les ondes sonores venues d’une ou plusieurs directions. La principale fonction d’un appareil auditif étant d’augmenter les sons pour les restituer au porteur, ils comportent tous également un amplificateur. Enfin, les ondes sonores amplifiées sont renvoyées aux personnes via des écouteurs, souvent reliés à l’appareil par un fil. Le tout est alimenté par une batterie (pile à changer ou batterie au lithium rechargeable).

Types d’appareils auditifs

Il existe 4 sortes d’équipements auditifs : les contours d’oreilles et ceux dits « intra-auriculaires » qui transmettent le son par voie aérienne, et peuvent être à piles ou rechargeables ; mais également les prothèses auditives à conduction osseuse et les appareils auditifs implantables, qui fonctionnent grâce à la conduction osseuse.

Contour d’oreilles

Les appareils appelés « contours d’oreilles » comptent parmi les plus répandus du marché. Comme leur nom l’indique, ils sont composés d’un boîtier qui est placé derrière le pavillon, avec la pile et le tous les composants électroniques, dont le micro-processeur. Il contient également des microphones et est relié par un tube à un embout sur mesure inséré dans le conduit.

Leurs avantages ? Ils conviennent à tous les types de pertes auditives, avec la possibilité de s’adapter si l’audition du patient baisse. Au vu de leur taille imposante, ils sont faciles à manipuler, d’autant plus qu’ils sont la plupart du temps munis d’un bouton poussoir. Par ailleurs, le fait que la plupart des composants soient placés à l’extérieur du conduit les rend plus robustes, moins gourmands en énergie et augmente leur longévité. Enfin, les modèles milieux et hauts de gamme sont compatibles avec le Bluetooth et peuvent être contrôlés via une application sur les téléphones.

Leurs inconvénients ? Ils sont moins discrets et esthétiques que les intra-auriculaires, et peuvent donc être plus difficiles à accepter pour un premier appareillage. Ils sont aussi moins pratiques pour les porteurs de lunettes. Cependant, il existe aujourd’hui des micro-contours d’oreilles moins visibles pour les pertes légères et moyennes.

Intra-auriculaire

Les appareils auditifs intra-auriculaires sont insérés entièrement dans le canal auriculaire, ce qui rend certains modèles pratiquement invisibles. Ils sont moulés sur mesure grâce à une prise d’empreinte, ce qui leur offre un confort optimal. Ils sont adaptés aux pertes d’ouïe légères et moyennes.

Leurs avantages ? Ils sont très discrets et donnent aux patients une sensation d’écoute naturelle, y compris pour la perception de sa propre voix. Ils sont plus confortables que les contours d’oreilles.

Leurs inconvénients ? Un contour a une faible autonomie, et ne convient pas aux pertes auditives les plus importantes. Les contours d’oreilles sont petits, donc plutôt fragiles et difficilement manipulables pour les personnes ayant une faible sensibilité au niveau des doigts.

Prothèses auditives à conduction osseuse

Contrairement aux deux premiers types d’appareils, les prothèses auditives à conduction osseuse ne transmettent pas les ondes sonores par voie aérienne, mais grâce à l’énergie vibratoire. Cette prothèse auditive est composée d’un implant fixé directement dans l’os du crâne, reliée à un processeur externe qui capte les ondes sonores. Les sons sont ainsi transmis par voie osseuse, sans rencontrer aucun obstacle.

Leurs avantages ? Ces aides sont adaptées aux surdités totales, non traitables par les équipements classiques. Elles conviennent à tous ceux qui ont des malformations du conduit, des otites chroniques, ou aux personnes qui ont été opérées d’un neurinome de l’acoustique.

Il existe également des appareils à conduction osseuse cachés sous la peau, et donc totalement invisibles ! Ces prothèses libèrent le conduit auditif, et sont dès lors idéales pour les sportifs : natation, douche, ils peuvent à nouveau pratiquer de nombreuses activités… On peut aussi « tester » ce type d’appareil avec un processeur fixé sur un serre-tête ou bandeau, une solution intéressante pour ceux qui ne souhaitent pas passer directement à la chirurgie et les enfants qui sont encore trop jeunes.

Leurs inconvénients ? Ce type d’appareillage ne peut être implanté par un audioprothésiste, et la forme en bandeau est moins efficace.

Appareils auditifs implantables

Il en existe deux catégories :

Les appareils auditifs semi — implantables sont constitués d’un petit implant inséré dans l’oreille moyenne, sur les osselets du patient par un chirurgien. Ils sont reliés à un appareil auditif classique fixé sur la peau. Ils sont adaptés pour les pertes auditives moyennes.

Les appareils auditifs implantables, aussi appelés implants cochléaires, conviennent aux surdités profondes et nécessitent également une opération chirurgicale. Ils nécessitent une intervention chirurgicale importante, ainsi qu’une longue période de rééducation de la parole et de l’audition avec un orthophoniste.

Pour plus de renseignements sur les prix de ces différents équipements, ou si vous avez besoin d’un réglage ou d’un test auditif, n’hésitez pas à vous rendre dans les centres de votre région !

Avantages et limites des appareils auditifs

Amélioration de la qualité de vie

Les avantages d’un appareillage sont nombreux. Ils permettent aux porteurs de retrouver le plaisir de pouvoir discuter et de réentendre les mélodies de leur environnement qu’ils avaient oubliées ! Grâce au 100 % santé, ils peuvent bénéficier du remboursement d’un panier d’équipements basiques, dits « de classe 1 ». En plus de cette offre d’aides auditives, on trouve des appareils rechargeables et compatibles avec de nombreux téléphones et ordinateurs en passant par le Bluetooth. Cela permet aux patients d’écouter de la musique, de regarder la télévision, de passer des appels ou de participer à des visioconférences… Le tout en mode « mains libres » !

Surtout, bien entendre, c’est mieux communiquer, et donc sortir de l’isolement créé par la baisse d’audition : une reprise d’activité cruciale pour la santé physique et mentale, surtout chez les sujets âgés ! Pour renforcer cette vitalité, certaines marques proposent des applications qui mesurent le nombre de pas, les pulsations cardiaques, mais aussi le temps de port ainsi que les interactions sociales… Et encouragent les porteurs au quotidien !

Contraintes et ajustements nécessaires

Entendre grâce à un appareil auditif nécessite toutefois un temps d’adaptation, car il faut apprendre à bien mettre ses aides… Mais également s’habituer à une nouvelle perception des sons, y compris de sa propre voix. Dès que l’on ressent un inconfort, que ce soit au niveau tactile ou sonore, mieux vaut se rendre chez son audioprothésiste plutôt que de renoncer à porter ses appareils !

Enfin, le prix est élevé si l’on sort de la catégorie « classe 1 » : celle-ci, qui contient obligatoirement des options telles qu’une suppression des larsens et du bruit parasite, comprend principalement des équipements à piles qu’il sera nécessaire de changer. Si l’on souhaite plutôt une version rechargeable, ainsi que la possibilité de se connecter au Bluetooth, il faudra s’orienter vers des classes 2, et se renseigner auprès de sa mutuelle et sa complémentaire santé pour un éventuel remboursement.

Les avantages sont bien plus nombreux que les inconvénients, alors n’hésitez pas à passer un test d’audition en cas de doutes !