Appareillage auditif de l’enfant, nous accompagnons les familles dans un vrai projet de vie !

Les adultes ne sont pas les seuls à avoir parfois besoin de solutions auditives. La surdité touche aussi les enfants. Aussi, certains audioprothésistes se sont spécialisés dans l’appareillage des plus petits. C’est le cas de Aude Mercier, qui nous explique tous les enjeux de leur prise en charge, qui doit être la plus précoce possible.

Bonjour Aude, faut-il une spécialisation pour prendre en charge l’audition des enfants ?
De la naissance jusqu’à six ans, nous parlons d’appareillage pédiatrique et en effet, il est nécessaire de suivre une formation en audiophonologie de l’enfant, couronnée par un diplôme universitaire (DU). Les carences auditives sont souvent repérées dès la maternité.

En quoi est-ce important d’agir vite ?
Quelle que soit la surdité, l’enfant a besoin d’aides auditives le plus tôt possible. L’objectif est d’utiliser la plasticité cérébrale qui est maximale pendant les premiers mois de vie, pour stimuler et mettre en place les structures de l’audition et du langage au niveau du cerveau. Plus on intervient vite, plus on a de chance d’avoir un développement se rapprochant d’un enfant entendant du même âge.

Il faut donc le connecter avec son environnement pour lui permettre de se construire ?
Exactement. L’enfant malentendant a besoin de ses appareils pour percevoir de manière optimale son environnement et surtout l’ensemble des sons qui constituent la parole. Dans un premier temps, il est nécessaire de bien entendre avant de pouvoir reproduire ensuite le langage. La qualité de l’environnement aura aussi toute son importance. C’est ce qu’on appelle « le bain de langage » : c’est-à-dire toutes les paroles qu’on lui adresse directement à la maison, à l’école, mais aussi tout ce qu’il entendra autour de lui. L’enfant est une éponge. Nous encourageons donc ses parents et l’entourage à lui parler le plus possible.

Justement, comment les parents vivent cette situation ?
Au départ, ils ont beaucoup d’interrogation sur le développement de leur enfant. Pour la majorité des parents, la surdité est une grande inconnue. Mon rôle est d’expliquer, de les rassurer et de leur montrer qu’il existe des moyens d’aider leur enfant. Il faut donner du positif sur lequel se raccrocher, mais en même temps ne pas nier la réalité. Nous accompagnons les familles dans le projet de vie qu’ils auront choisi pour leur enfant, en coordination avec toute une équipe pluridisciplinaire : l’ORL, le médecin traitant ou le pédiatre, l’orthophoniste et parfois même les kinés, les psychomotriciennes ou les enseignants qui peuvent être amenés à porter un micro dont le son parvient directement dans la prothèse des enfants.

Est-ce facile d’équiper un bébé ?
Toute la difficulté est de savoir précisément comment entend un tout-petit car il n’est pas en mesure de nous le dire… Il faut savoir observer ses réactions comportementales et cela demande de l’expérience. Lorsqu’ils sont vraiment tout petits, les bébés en général ne bougent pas et la mise en place des aides auditives se fait tranquillement. C’est lorsqu’ils sont un peu plus grands que les choses se compliquent parfois. Il faut savoir ruser. Si l’enfant ne veut pas qu’on regarde dans ses oreilles par exemple, alors on commence par celle de doudou puis celle de maman ou de papa, et en général après il se laisse faire.

Quelle forme à l’appareil auditif ?
C’est un contour d’oreille avec des embouts sur-mesure en silicone souple, pour ne pas blesser le conduit auditif. Nous changeons ces embouts très fréquemment car l’enfant grandit et ses oreilles aussi. Les appareils sont souvent colorés ou customisés avec des motifs. Si elles lui plaisent, l’enfant s’appropriera plus facilement ses appareils auditifs.

Des progrès technologiques ont-ils été faits ces dernières années ?
Oui, certains appareils peuvent désormais être rechargeables ce qui peut faciliter la vie des parents au quotidien. Les aides auditives sont aussi de plus en plus connectées. Avec la technologie sans fil, les enfants plus grands sont très contents de pouvoir capter le son du téléviseur ou d’écouter de la musique dans leurs aides auditives. Elles se transforment alors en oreillettes.

Vous équipez donc aussi les adolescents ?
Bien sûr, il peut s’agir des enfants que nous suivons depuis leur petite enfance et qui ont grandi, ou de jeunes pour lesquels la surdité s’est développée plus tardivement. Nous sommes en mesure de proposer aux ados des solutions plus discrètes car c’est une période charnière où il n’est pas toujours évident d’assumer ses aides auditives.

Votre cabinet ne reçoit-il que des enfants ?
Absolument pas, mes patients ont entre trois mois et cent deux ans pour notre doyenne. Et je suis très heureuse de pouvoir équiper toutes les générations. Mes échanges avec ces patients plus âgés sont toujours très enrichissants et leurs retours d’expérience me servent finalement dans ma pratique pédiatrique.